Ton regard sur moi

On  vient au monde et on croit. On croit que le monde est beau, qu'il est juste et qu'on est tous obligés d'accepter. On y croit deux, trois ans, puis on y croit de moins en moins, on finit par juste le penser. On arrive à l'école primaire et on ne le pense plus du tout, tout cela c'est ancien. A l'école on voit, on voit et on vit. On voit qu'on est pas tous égaux, qu'on est pas normaux ou qu'il y a des personnes pas normales. On sent le regard des autres, des autre élèves, des parents d'élèves, des professeurs, des adultes en général. Ils ne te regardent pas de travers, non, ils te regardent comme un enfant malheureux à qui, je ne sais qui, n'a pas fait de cadeaux. Ensuite, on vient, on vient au collège, le lieux des premiers copains ou copines, des premières mauvaises notes, des premières "observs'," des premières révoltes, des premières insultes qu'on retourne, les premières personnes à qui on répond, les premiers profs qui nous font...puis encore le regard des autres, mais un tout nouveaux, un méprisant, rabaissant, humiliant mais qu'on essaie d'exploser. Le regard de la société sur notre corps, notre vie, notre nous, et puis notre regard, notre regard aussi méprisant, même plus, que les autres, celui avec qui on se fait le plus de mal, On ne s'aime plus. On se méprise et on se déteste, notre regard et le leur ont fait leur boulot. C'est bon, ils ont gagné ces beaux yeux qui nous regardent, puis au milieu, il y a ceux pareils que nous, au milieu de rien en fait, on est tous pareils, méprisés et méprisants, humiliés et humiliants.

Aujourd'hui je suis en 4° et je me dis qu'il faut que je m'accepte, qu'il faut que je m'aime même si je ne m'aime pas. Alors je marche au milieux, au milieux des humiliants et humiliés, je marche et...et je les emmerde, tous, et moi aussi, je m'emmerde et je m'accepte.

Je viens, j'arrive, je vient, je vois, je vis, je SUIS